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En 1877 nait Paul Ladmirault. Ce garçon au regard d’ange est élevé dans une ambiance chaleureuse et musicale. Sa mère, chanteuse, est son premier professeur. Elle détecte très tôt la sensibilité musicale de son fils. Il rentre au conservatoire de Nantes, tout en poursuivant ses études classiques au lycée Clemenceau. Cette mère autoritaire, mais pleine d’amour envers son garçon, ne cesse de l’encourager à composer. Sa 1ère sonate pour violon et piano est écrite à l’âge de 11 ans, comment un garçon si jeune, peut il composer une sonate aussi développée ? Voici ça réponse : « Ce n’est pas difficile. J’examinais des sonates, je voyais comment c’était fabriqué et je m’amusais à essayer d’en faire à mon tour ». Gilles de Retz (opéra en 3 actes) est une idée de sa mère qui lui suggère d’écrire un petit opéra. Elle écrit le livret tiré du conte de Charles Perrault : Barbe bleue. C’est durant l’été 1892 que cet opéra voit le jour : Paul a alors 15 ans ! Son œuvre est représentée à Nantes, le 18 mai 1893, la presse nantaise et parisienne crient au prodige.
Lorsqu’il termine avec les plus hautes récompenses, ses études musicales en violon, piano, orgue et harmonie au Conservatoire de Nantes, sa mère l’installe à Paris, rue la Bruyère, en 1895. Elle a les clés et sa chambre, ainsi elle peut alors venir à l’improviste voir son cher fils et surveiller ses fréquentations. Lorsque celles-ci lui déplaisent, elle prend un air peu aimable, alors ses amis ne s’attardent pas rue la Bruyère… Ils se plaisent à dire « Ta mère nous a encore fait des yeux de basilic ». Elle gère son quotidien et toutes les tâches administratives. Paul lui écrit presque tous les jours, il lui raconte sa vie parisienne, ce que pensent ses confrères sur sa musique, comme sur sa Suite Bretonne (extrait de son opéra Myrdhin) jouée en 1905. Il s’amuse à lui rapporter les louanges de Ravel :
« Ravel était présent à l’exécution. Il m’a dit que mon scherzo était épatant. J’avais envie de lui demander s’il ne se payait pas ma cafetière. Si je m’attendais à ce que l’auteur des Jeux d’Eaux prît plaisir à mes danses de Bigoudens ! »
Sa mère se glorifie d’un tel fils ! Elle reçoit avec fierté cet hommage de Florent Schmitt qui écrit en 1911 dans le journal La France :
« De tous les musiciens marquant de la génération qui monte, Monsieur Paul Ladmirault est peut être le plus doué, le plus original, mais aussi le plus modeste et dans notre siècle d’arrivisme, la modestie a tort ! » Florent Schmitt avait vu juste, la notoriété de mon arrière grand-père prit fin en 1918, lorsqu’il décida de ne pas revenir à la vie artistique parisienne.
Elève durant 7 ans dans la classe de Gabriel Faure, il a comme camarades Ravel, Schmitt, Cortot, Koechlin… Paul se fait un peu trop discret, ce que lui reproche gentiment Faure qui le classe parmi ses élèves les plus doués. Voici un extrait d’une lettre de son Maître datée du 20 septembre 1900 : « Avez- vous beaucoup travaillé ? Je voudrais vous voir très souvent à la classe et vous voir entreprendre une composition développée. Et puisque l’occasion se présente, je voudrais vous faire une recommandation tout à fait amicale : je voudrais que vous ne disparaissiez pas comme un petit rat pressé aussitôt que vous m avez fait lire votre devoir ».